12-09-2014 Yana MARULL, Agence France-Presse, CACERES / Lapresse, Canada
La protection du Pantanal passe par la protection du jaguar, affirme l'ONG internationale de défense de l'environnement WWF.
PHOTO DOUGLAS TRENT, ARCHIVES BICHOS DO PANTAMAL
Les premiers rayons du soleil percent sur le Pantanal brésilien, la plus grande zone humide de la planète. Tapi au milieu de savanes inondées, ici règne - mais pour combien de temps encore? - le redouté jaguar.
Mâchoires roses grandes ouvertes, un groupe de caïmans se prélasse
sur la rive du Rio Paraguay. Un capybara, le plus gros rongeur de la
planète, allaite ses cinq petits.
Il est cinq heures et demie du matin. Le spécialiste de l'environnement américain Douglas Trent s'apprête à naviguer des dizaines de kilomètres sur les infinis cours d'eau de cette gigantesque plaine peuplée d'une faune exubérante.
«Si nous voulons que dans 50 ou 100 ans il y ait encore des jaguars, nous devons préserver le Pantanal», explique Drent, chercheur principal du projet «Animaux du Pantanal».
Un iguane vert escalade un arbre au milieu de la végétation luxuriante bordant le fleuve. Dans le ciel, surgit avec élégance un tuyuyu, l'oiseau symbole du Pantanal, avec son mètre et demi d'envergure et son cou rouge.
Menacé d'extinction dans plusieurs régions, ce cousin de la cigogne a trouvé refuge dans ce fragile et richissime écosystème s'étendant sur 210 000 km2 - plus du double de la superficie du Portugal - entre le Brésil et, dans une moindre mesure, le Paraguay et la Bolivie.
Ce sanctuaire est la terre de prédilection du jaguar, le plus grand félin des Amériques, menacé d'extinction par la chasse et le développement des activités humaines.
La dent du jaguar
M.Trent, 57 ans, diplômé de sciences de l'environnement, s'est installé dans la région en 1980, avec en tête un projet de tourisme écologique.
Un jour, en signe d'amitié, un habitant lui a offert une dent d'un jaguar qu'il avait chassé.
«J'ai compris que si la population locale ne connaissait pas ses richesses naturelles et n'en tirait pas un profit économique, elle n'en prendrait pas soin», explique-t-il.
«Si je t'aide à entrer dans le tourisme écologique, tu arrêtes de chasser les jaguars?», proposa-t-il alors à l'habitant.
Les populations locales ont fini par prendre en main ce projet.
Et le scientifique américain s'occupe désormais de ce qui lui plaît le plus : documenter la faune du Pantanal pour oeuvrer à sa préservation et aider ses habitants à développer d'autres projets respectueux de la nature.
Il part à la recherche d'un couple de jaguars, aperçu il y a quelques jours sur une plage de la rivière en plein rituel d'accouplement.
Avec son intense regard jaune, le jaguar du Pantanal peut peser plus de 150 kg. Habile grimpeur, cet animal féroce, entouré de croyances mystiques, suscite crainte et admiration dans cette région dédiée à la pêche et à l'élevage. Bien que rarement, il s'attaque parfois à l'homme.
Certaines tribus de l'ouest de l'Amazonie voyaient en lui la réincarnation d'un sorcier défunt. Aujourd'hui encore, les chamans des Indiens Guajiros disent se transformer en jaguar pour communiquer avec l'au-delà.
Un bras dans la gueule
Joao Pires de Souza a été attaqué par un jaguar il y a six mois dans l'exploitation où il travaille. «Il venait de tuer un caïman et a dû croire que je voulais m'emparer de sa proie», explique-t-il.
«Je me suis armé de courage et je l'ai affronté en criant. Il a foncé directement sur moi. Quand il a bondi, je lui ai mis mon bras dans la gueule. Si j'avais tenté de fuir, il m'aurait attaqué dans le dos et je serais mort», raconte l'ouvrier agricole.
Joao doit sa survie à son chien fidèle, «Brasao», un bâtard de taille modeste qui s'est jeté sur le félin et l'a distrait, le temps qu'accourent d'autres employés de la fazenda.
Les mâchoires du félin ont brisé les os de son avant-bras. Il a fallu plusieurs chirurgies pour les reconstruire.
«C'est un très bel animal, mais il est mauvais», affirme Silvio Francisco Cardoso, 72 ans, qui vit dans une baraque en planches au bord du fleuve, avec une machette pour toute arme.
Un jour, raconte-t-il, un jaguar a sauté sur sa table pour emporter son repas. «Après, il m'observait depuis l'autre rive. Il considère qu'ici, c'est son territoire».
La chasse au jaguar, très prisé pour sa peau tachetée, a décimé l'espèce. Elle est interdite depuis 1979.
Les membres du projet «Animaux du Pantanal» ont observé récemment jusqu'à 51 jaguars différents dans le Pantanal de la commune de Cáceres, dans l'État du Mato Grosso. Une bonne nouvelle pour cette espèce solitaire qui a besoin pour survivre et se reproduire de grands territoires dotés d'une végétation et d'une faune très bien préservées.
La protection du Pantanal passe par la protection du jaguar, affirme l'ONG internationale de défense de l'environnement WWF.
Le Pantanal a conservé 85 % de sa surface végétale, selon le ministère brésilien de l'Environnement.
Mais le règne de Sa Majesté jaguar y est menacé par le développement de l'agriculture et de l'élevage, les projets d'infrastructures, la déforestation et les incendies.
Il est cinq heures et demie du matin. Le spécialiste de l'environnement américain Douglas Trent s'apprête à naviguer des dizaines de kilomètres sur les infinis cours d'eau de cette gigantesque plaine peuplée d'une faune exubérante.
«Si nous voulons que dans 50 ou 100 ans il y ait encore des jaguars, nous devons préserver le Pantanal», explique Drent, chercheur principal du projet «Animaux du Pantanal».
Un iguane vert escalade un arbre au milieu de la végétation luxuriante bordant le fleuve. Dans le ciel, surgit avec élégance un tuyuyu, l'oiseau symbole du Pantanal, avec son mètre et demi d'envergure et son cou rouge.
Menacé d'extinction dans plusieurs régions, ce cousin de la cigogne a trouvé refuge dans ce fragile et richissime écosystème s'étendant sur 210 000 km2 - plus du double de la superficie du Portugal - entre le Brésil et, dans une moindre mesure, le Paraguay et la Bolivie.
Ce sanctuaire est la terre de prédilection du jaguar, le plus grand félin des Amériques, menacé d'extinction par la chasse et le développement des activités humaines.
La dent du jaguar
M.Trent, 57 ans, diplômé de sciences de l'environnement, s'est installé dans la région en 1980, avec en tête un projet de tourisme écologique.
Un jour, en signe d'amitié, un habitant lui a offert une dent d'un jaguar qu'il avait chassé.
«J'ai compris que si la population locale ne connaissait pas ses richesses naturelles et n'en tirait pas un profit économique, elle n'en prendrait pas soin», explique-t-il.
«Si je t'aide à entrer dans le tourisme écologique, tu arrêtes de chasser les jaguars?», proposa-t-il alors à l'habitant.
Les populations locales ont fini par prendre en main ce projet.
Et le scientifique américain s'occupe désormais de ce qui lui plaît le plus : documenter la faune du Pantanal pour oeuvrer à sa préservation et aider ses habitants à développer d'autres projets respectueux de la nature.
Il part à la recherche d'un couple de jaguars, aperçu il y a quelques jours sur une plage de la rivière en plein rituel d'accouplement.
Avec son intense regard jaune, le jaguar du Pantanal peut peser plus de 150 kg. Habile grimpeur, cet animal féroce, entouré de croyances mystiques, suscite crainte et admiration dans cette région dédiée à la pêche et à l'élevage. Bien que rarement, il s'attaque parfois à l'homme.
Certaines tribus de l'ouest de l'Amazonie voyaient en lui la réincarnation d'un sorcier défunt. Aujourd'hui encore, les chamans des Indiens Guajiros disent se transformer en jaguar pour communiquer avec l'au-delà.
Un bras dans la gueule
Joao Pires de Souza a été attaqué par un jaguar il y a six mois dans l'exploitation où il travaille. «Il venait de tuer un caïman et a dû croire que je voulais m'emparer de sa proie», explique-t-il.
«Je me suis armé de courage et je l'ai affronté en criant. Il a foncé directement sur moi. Quand il a bondi, je lui ai mis mon bras dans la gueule. Si j'avais tenté de fuir, il m'aurait attaqué dans le dos et je serais mort», raconte l'ouvrier agricole.
Joao doit sa survie à son chien fidèle, «Brasao», un bâtard de taille modeste qui s'est jeté sur le félin et l'a distrait, le temps qu'accourent d'autres employés de la fazenda.
Les mâchoires du félin ont brisé les os de son avant-bras. Il a fallu plusieurs chirurgies pour les reconstruire.
«C'est un très bel animal, mais il est mauvais», affirme Silvio Francisco Cardoso, 72 ans, qui vit dans une baraque en planches au bord du fleuve, avec une machette pour toute arme.
Un jour, raconte-t-il, un jaguar a sauté sur sa table pour emporter son repas. «Après, il m'observait depuis l'autre rive. Il considère qu'ici, c'est son territoire».
La chasse au jaguar, très prisé pour sa peau tachetée, a décimé l'espèce. Elle est interdite depuis 1979.
Les membres du projet «Animaux du Pantanal» ont observé récemment jusqu'à 51 jaguars différents dans le Pantanal de la commune de Cáceres, dans l'État du Mato Grosso. Une bonne nouvelle pour cette espèce solitaire qui a besoin pour survivre et se reproduire de grands territoires dotés d'une végétation et d'une faune très bien préservées.
La protection du Pantanal passe par la protection du jaguar, affirme l'ONG internationale de défense de l'environnement WWF.
Le Pantanal a conservé 85 % de sa surface végétale, selon le ministère brésilien de l'Environnement.
Mais le règne de Sa Majesté jaguar y est menacé par le développement de l'agriculture et de l'élevage, les projets d'infrastructures, la déforestation et les incendies.
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